La fin d’année n’est pas seulement un moment pour arrêter les comptes : c’est un point d’inflexion stratégique. Pour un dirigeant ou un entrepreneur disposant d’un patrimoine significatif, les décisions fiscales prises en décembre ont un impact direct sur le revenu imposable, la trésorerie personnelle, la fiscalité du groupe, et même la valorisation future de la société.
Chez Sapians, nous accompagnons au quotidien des entrepreneurs avec 1 à 20 M€ de patrimoine. Fort de notre expérience, nous avons conçu ce guide pour vous aider à passer en revue les points clés à connaître pour optimiser vos impôts avant le 31 décembre, en adoptant une approche holistique : revenus, holding, dividendes, PER, fonds d’investissement, CDHR, IFI…
Un chef d’entreprise peut être imposé (et optimiser) à plusieurs niveaux :
Si vous êtes fortement imposé, donner avant le 31 décembre peut aider à réduire votre revenu fiscal de référence et donc in fine, l’impôt au titre de l’année.
L’excédent éventuel peut être reporté sur les cinq années suivantes.
Ces plafonds influencent directement votre revenu fiscal de référence (RFR) : calibrer un don en fin d’année permet non seulement de réduire votre impôt 2026, mais aussi de maîtriser votre passage sous certains seuils sensibles, comme ceux de l’IFI, de la CEHR, ou désormais de la CDHR.
Contrairement à une croyance répandue, tous les ménages y ont droit (emploi à domicile, garde d’enfants, etc.)
Notez que, si vous bénéficiez chaque année d’un crédit d’impôt élevé, le fisc anticipe et réduit le prélèvement à la source via l’acompte de janvier.
Veillez à ce titre, à calibrer votre prélèvement à la source et l’acompte versé en janvier. Ajuster les taux et les acomptes avant le 31 décembre permet :
d’éviter un trop-perçu,
d’optimiser le cash-flow personnel,
de lisser la trésorerie 2025 si vous anticipez des revenus exceptionnels (plus-values, dividendes, carried…).
Chez les dirigeants, le PER (Plan d'Epargne Retraite) reste le levier le plus puissant pour réduire immédiatement le revenu imposable. En effet, les versements sur un PER ouvrent droit à une déduction du revenu imposable dans la limite de votre plafond épargne retraite (indiqué sur votre dernier avis d’imposition).
Ce plafond se compose de :
Ces montants combinés permettent de déduire des montants significatifs la même année et son consultables en dernière page de votre avis d’impôt.
Le PER est particulièrement pertinent pour :
Attention, les versements sur un PER ne doivent jamais être décidés isolément : ils doivent être analysés en cohérence avec l’arbitrage “rémunération vs dividendes”. En effet, le niveau de salaire que vous vous versez, le montant des dividendes distribués et le choix du mode d’imposition (PFU ou barème) déterminent directement votre revenu imposable, la tranche marginale d’imposition, les prélèvements sociaux applicables, et même votre exposition à la CEHR/CDHR.
Autrement dit, avant de verser sur un PER, il faut d’abord optimiser la structure de revenus de l’année. Le PER venant ensuite comme outil d’ajustement fin, et non comme décision autonome.
N'oubliez pas également trois aspects importants du PER :
>> Découvrez comment transférer efficacement votre PER ou PERCO pour réduire vos frais et optimiser votre épargne.
La CDHR, applicable en 2025, vient compléter la CEHR pour les très hauts revenus. Elle constitue une contribution progressive et calculée individuellement, avec :
Vos décisions de fin d’année (rémunération, dividendes, options, réalisation de plus-values, rachat de titres, opérations intra-groupe) peuvent déclencher ou augmenter la CDHR.
Attention car contrairement à la plupart des impôts qui sont à régler l’année suivant la perception des revenus, la CDHR se paie avec un premier acompte l’année de perception des revenus. N’hésitez pas à vous faire accompagner pour être certain de ne pas vous tromper dans les calculs (expert-comptable, fiscaliste, family-office).
Sapians peut vous aider à simuler les scénarios, car la mécanique est progressive, non linéaire, et parfois contre-intuitive.
L’arbitrage entre rémunération et dividendes reste l’une des décisions les plus structurantes pour un dirigeant en fin d’année. Contrairement à ce que l’on entend souvent, le dividende n’est pas mécaniquement plus intéressant : tout dépend de votre tranche marginale, de votre régime social, de la structure de votre société et - surtout depuis 2025 - de l’impact sur votre revenu fiscal de référence et sur la CEHR ou la nouvelle CDHR.
Quand le dividende est moins intéressant que la rémunération ?
Quand le dividende peut être plus attractif ?
Le PFU à 30 % peut sembler simple et efficace, mais ce n’est pas automatique. En fonction des autres revenus de l’année, l’imposition au barème, combinée à l’abattement de 40 %, peut être plus avantageuse (notamment en TMI 30 % ou 41 %). De son côté, la rémunération offre une alternative plus rationnelle lorsque la protection sociale, le pilotage du RFR ou la valorisation future des droits retraite constituent des enjeux.
Autrement dit : un même dividende peut coûter 30 % dans un scénario, et 45 à 55 % dans un autre, selon son mode d’imposition, son interaction avec vos autres revenus et son impact sur la CEHR/CDHR.
La temporalité devient alors stratégique. Selon vos performances de l’année, vos plus-values, vos autres revenus et vos projets d’investissement, il peut être bien plus intéressant de distribuer en 2025… ou au contraire d’attendre 2026. Dans certains cas, décaler une distribution de quelques semaines seulement permet d’éviter un seuil fiscal et d’économiser plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Enfin, pour les personnes qui détiennent une holding patrimoniale ou animatrice, cet arbitrage ne peut être tranché sans analyser la structuration du groupe : la fiscalité personnelle dépend mécaniquement de la façon dont les dividendes circulent dans la holding, des management fees et de l’IS dégagé en amont. La réflexion se poursuit donc naturellement avec l’optimisation de la holding elle-même.
Pour tout savoir sur ces aspects, consultez notre vidéo dédiée
De manière générale, un bon exercice à faire avant la fin de l’année est de quantifier son besoin en fonds de roulement annuel (BFR). Le BFR permettra de statuer sur le montant exact de revenus à se distribuer et en déduire les fonds qui peuvent rester au niveau des sociétés pour travailler de manière plus efficace. Moins de revenus, c’est forcément moins d’impôt.
Si vous possédez une holding patrimoniale ou animatrice, plusieurs actions de fin d’année peuvent améliorer significativement la fiscalité globale :
Optimiser la remontée de dividendes : le régime mère-fille permet de remonter les dividendes de la filiale vers la holding quasi sans fiscalité : seule une quote-part de 5 % est réintégrée dans le résultat imposable de la holding et taxée à l’IS (généralement 25 %). C’est l’un des leviers les plus efficaces pour centraliser la trésorerie sans alourdir la charge fiscale.
Ajuster les management fees : les management fees sont un levier puissant pour remonter de la trésorerie et réduire le résultat imposable de la filiale… à condition qu’ils rémunèrent des prestations réelles, utiles, correctement valorisées et rigoureusement documentées. À défaut, l’administration peut requalifier les flux (non-déductibilité, revenus distribués, abus de droit), avec des conséquences potentiellement lourdes.
Anticiper un apport de titres (150-0 B ter) : si une restructuration ou une réorganisation capitalistique est envisagée, la fin d’année est souvent le bon moment pour préparer un éventuel apport de titres à une holding entrant dans le champ du régime 150-0 B ter. Ce mécanisme place la plus-value en report d’imposition et doit être anticipé pour sécuriser l’opération et optimiser sa temporalité.
Réduire le résultat fiscal de la holding : plusieurs leviers peuvent être actionnés en fin d’année, dans le respect de la substance économique du groupe :
L’objectif est double : maîtriser la charge d’IS et renforcer la cohérence économique de la holding, ce qui sécurise l’ensemble de la structure.
Pour les investisseurs disposant d’un patrimoine significatif, l’investissement au capital d’entreprises non cotées reste l’un des dispositifs fiscaux les plus fréquents.
En 2025, la réduction d’impôt IR-PME (et dispositifs assimilés) se décline selon des taux différenciés :
18 % : souscription au capital de PME « classiques » éligibles.
25 % : entreprises solidaires d’utilité sociale (ESUS) et certains FCPI, jusqu’au 31 décembre 2025.
30 % : jeunes entreprises innovantes (JEI) ou certains FIP Corse.
50 % : jeunes entreprises innovantes de rupture (JEIR), un mécanisme très incitatif mais réservé à des dossiers spécifiques et à haut risque.
Pour un dirigeant fortement imposé, ces taux peuvent absorber une part significative de la fiscalité de l’année.
Cependant, et c’est un point essentiel dans la philosophie Sapians, la réduction d’impôt ne peut jamais constituer le motif principal d’un investissement.
Tout d’abord, ces dispositifs sont utiles, mais techniquement exigeants. Avant d’investir, un dirigeant doit systématiquement analyser :
C’est pour cela que ces opérations doivent être menées avec une analyse patrimoniale globale, en cohérence avec :
Nous déconseillons à nos clients d’investir pour réduire leur impôt. Nous investissons d’abord pour créer de la valeur, car l’avantage fiscal ne sera jamais préférable à un excellent investissement.
L’investissement forestier bénéficie d’un régime dédié, le DEFI Forêt, qui peut donner droit, sous conditions, à un crédit ou une réduction d’impôt pouvant atteindre 25 % des dépenses engagées (acquisition, travaux, ou souscription de parts de groupements forestiers). Ces avantages sont strictement encadrés : plafonds, durée de détention, gestion durable, surface minimale… Tous les paramètres exacts sont fixés par l’administration fiscale et détaillés dans la documentation officielle.
Le cinéma français peut lui aussi être soutenu via les SOFICA, qui ouvrent droit à une réduction d’impôt dont le taux de base est de 30 %, avec des majorations possibles lorsque la société respecte certains critères d’affectation des fonds. Dans des configurations précises, ce taux peut être porté à 36 % voire 48 %. Là encore, la durée de détention des titres et les conditions d’éligibilité sont fixées par l’administration et décrites dans le BOFiP…
Dans tous ces cas (entreprises solidaires, forêt, cinéma) l’avantage fiscal peut être attractif, mais il s’accompagne d’un risque réel, d’une durée de blocage longue et de conditions très encadrées.
Autrement dit : ce sont des pistes à explorer avec un professionnel et toujours en vérifiant, au moment où vous investissez, les règles en vigueur sur les sites officiels.
En fin d’année, il est pertinent de réexaminer l’équilibre entre fonds euros et unités de compte, d’identifier d’éventuels frais excessifs et de vérifier que le contrat reste cohérent avec vos objectifs (retraite, transmission, besoins futurs de liquidité). Pour ceux qui n’en disposent pas encore, ouvrir un contrat avant le 31 décembre — même avec un montant symbolique — permet de “prendre date” et d’activer les horizons fiscaux de 4 et 8 ans.
La fin d’année est aussi l’occasion de recevoir son fameux relevé annuel de contrat d’assurance-vie. Afin de faire un bilan constructif et comprendre les facteurs qui font que le contrat n’est peut-être pas aussi performant que prévu, consultez notre vidéo dédiée au sujet.
Ouvrir un PEA avant le 31 décembre fait démarrer le compteur fiscal des 5 ans, condition pour bénéficier de la quasi-exonération des gains. Pour un dirigeant, disposer d’un PEA ancien est particulièrement utile lorsqu’une cession d’entreprise, une distribution importante ou une remontée de trésorerie via holding est prévue : cela permet de loger rapidement une allocation actions dans un cadre fiscal très favorable.
Les moins-values réalisées avant le 31 décembre viennent compenser les plus-values de l’année, qu’elles soient mobilières ou liées à une opération exceptionnelle (cession, bonus, dividendes importants).
Deux approches existent :
Pour un investisseur dont la fiscalité varie fortement selon les années, c’est un levier précieux pour lisser la charge fiscale et éviter des pics d’imposition lié à d’importantes plus-value dans la même année.
Attention cependant à ne pas vendre des titres uniquement dans un objectif fiscal. Le compte-titres étant un véhicule de placement de long-terme, il sera nécessaire de maintenir les positions sur une durée longue pour atteindre un plein potentiel de rendement.
Pour les patrimoines importants, la fin d’année est un moment stratégique : elle permet d’ajuster des paramètres fiscaux déterminants et de préparer des opérations structurantes.
Pour les dirigeants et investisseurs dont le patrimoine inclut de l’immobilier direct ou détenu via des sociétés, la fin d’année est le moment d’actualiser précisément l’assiette IFI.
Deux enjeux majeurs se combinent : la valorisation et le périmètre taxable.
L’évaluation doit être réaliste, documentée et cohérente avec la nature des actifs :
Une valorisation approximative conduit fréquemment à une surimposition ; une valorisation argumentée permet au contraire d’optimiser l’assiette dans un cadre fiscal sécurisé.
L’immobilier indirect est souvent mal appréhendé alors qu’il peut transformer totalement le calcul :
La question clé est de déterminer ce qui est taxable, ce qui relève du bien professionnel (donc exonéré), et ce qui nécessite une documentation spécifique.
Le passif n’est déductible que s’il respecte des conditions strictes (réalité de la dette, affectation au bien imposable, exigibilité). Certains contribuables oublient d’intégrer :
Décembre est le bon moment pour sécuriser ces éléments et éviter une remise en cause par l’administration.
Les abattements fiscaux (100 000 € parent/enfant, 31 865 € pour les dons de somme d’argent, donations transgénérationnelles…) sont renouvelables tous les 15 ans.
Effectuer une donation en décembre permet de faire repartir le compteur dès janvier, ce qui peut être déterminant pour une stratégie de transmission en plusieurs étapes.
Pour les dirigeants, une donation avant cession ou avant réorganisation capitalistique peut également réduire fortement la fiscalité future — sous réserve de sécuriser le schéma avec un conseil.
Si une cession, une transmission ou une restructuration de groupe est envisagée, la fin d’année est le moment de :
Un Dutreil mal calibré ou mis en place trop tard peut faire perdre un avantage fiscal considérable (réduction de 75 % de la base taxable).
Pour conclure, optimiser ses impôts, c’est surtout optimiser sa stratégie globale. En cette fin d’année, nous vous invitons donc à opérer une révision complète de la cohérence entre vos revenus, la structuration de votre patrimoine et vos projets professionnels et familiaux.
Un family-office comme Sapians peut vous aider à l’orchestrer, pour non seulement de réduire l’impôt dû, mais aussi de préparer l’année suivante avec plus de visibilité et de sérénité.